Le Peuple Egyptien

 

 

 LES BEDOUINS DU SINAI

                                                                                                                                                                                 

HADJ HUSSEIN

  

  

                                                                                                                                                                                      

 

 Quand on découvre le Sinai, on pense tout d’abord à cette beauté réconfortante de plages ensoleillées, mer bleue et montagnes roses. Puis on découvre son peuple, les bédouins, qui pour la plupart, malgré la venue des Temps modernes, ont voulu garder leurs traditions ancestrales et leurs coutumes. Beaucoup de choses néanmoins ont changé, si ce n’est que l’arrivée de moyens de locomotion plus rapides que le dromadaire, mais certainement moins sympathiques et plus demandant !

Mais chez les Anciens les habitudes ne changent plus.

Hadj Hussein, Muzeina de Dahab, fut un de ces bédouins qui ont représenté le plus pour nous ces Bédouins du « vieux temps ». Peut-être fut-il un des derniers, car, quand nous l’avons rencontré dans les années 70, il avait déjà 100 ans !

Bien qu’il n’eut aucune idée de l’année de sa naissance, il pouvait parler sans hésitation de l’occupation turque, du début du 20eme siècle, et se rappelait encore des moments politiques qui perturbaient la vie tranquille de sa tribu, sans toutefois la distraire trop de son chemin paisible (ou non, car  il y en a eu des batailles du temps de Hadj Hussein, particulièrement contre la tribu « ennemie » les Tarabin !).

Ainsi ont défilé devant lui les Turcs, les Anglais, les Egyptiens, les Israéliens et pour terminer, de nouveau les Egyptiens.…

Hadj Hussein, lui continuait son chemin comme si de rien n’était… Ayant vécu toute sa vie en errance, nomade jusqu’au bout des dents, la sédentarité de ses vieux jours, rendue obligatoire par la civilisation moderne et sa vieillesse, ne le convainquait pas de changer ses habitudes. Vivant seul, avec un fils qui venait régulièrement le voir dans sa cabane, il ne baissa jamais les bras et ne s’assit enfin, à l’âge de 112 ans, que pour mourir.

    A cette époque, dans les années 70,  nous avions installe  à Dahab une pêcherie afin d’aider les Bédouins Muzeina, pécheurs avant tout, a subsister devant l’arrivée  la modernité et de ses demandes nouvelles.

Nous leur avions acheté des bateaux, fabriqué des glacières, et ils pouvaient partir en expéditions de plusieurs jours pour ramener parfois quelques centaines de kilos de poissons frais que nous vendions pour eux à la ville voisine, particulièrement aux restaurants.

Mais nombreux d’entre eux aimaient rester chez eux, et péchaient tous les jours, soit de la plage, soit de leur barque.

    Ainsi, Hadj Hussein quittait chaque matin sa hutte pour aller avec son filet à Mashraba, point de la côte très poissonneux, mais qui se trouvait à une dizaine de kilomètres de Melil ou il habitait. Il n’avait pas de dromadaire, ni bien sur pas de 4*4, et c’était a pied qu’il allait tranquillement poser ses filets et attendre le poisson.

Chaque soir il revenait avec sa prise pour nous l’apporter et nous lui payions son du. Evidemment les poissons n’étaient plus frais, car un vieux monsieur de 100 ans, même en pleine forme, ne marche pas très vite, et nous en nourrissions nos chats !

Quant a l’argent qu’il recevait, nous ignorions ce qu’il pouvait en faire, car il n’avait plus de femme ni d’enfant a entretenir et avait gardé toutes ses anciennes habitudes vestimentaires et  de nourriture, c’est-à-dire s’habiller avec ce qu’il y avait et manger moins que rien.

La rumeur passait que pour assurer sa longévité, Hadj Hussein mangeait des serpents et des scorpions, et nous n’avions pas de raison d’en douter, bien que nous n’avions pas cherché à cette époque à en connaitre plus sur sa recette de centenaire !

  

Quant aux vêtements, il ne fallait pas grand-chose pour les réparer, un pneu de voiture faisait une sandale, et qu’importe, quand on a 100 ans que les vêtements s’usent et soient en haillons, on n’a plus besoin de plaire !

Mais 5 fois par jour il dépliait son vieux corps et s’agenouillait devant Allah, sans  grognement ni peine, fier de sa foi inébranlable.

Nous n’oublieront jamais Hadj Hussein, et toute la tribu Muzeina en parlera encore longtemps, racontant encore avec tendresse aux enfants et aux petits enfants l’histoire d’un bédouin véritable.

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